La Résistance en Ariège
Résistants français, guérilleros espagnols et Allemands antinazis

Lorsque Claude Delpla, professeur d’histoire et d’occitan au lycée de Foix, est mort en 2017, il a laissé une masse de documents considérable, fruit de quatre décennies de recherches sur la Résistance. Complémentaire de La Libération de l’Ariège paru en 2019, voici l’ouvrage tant attendu sur l’histoire de la Résistance en Ariège, de ses origines dans la vie politique des années 1930 aux répressions de 1943. Ce livre offre une vision synoptique de ses grands mouvements et petits groupes. Il révèle une résistance plurielle, d’une diversité longtemps méconnue. On y découvre les organisations et actions résistantes à l’échelle d’une école, d’un lycée, d’un réseau ou d’une municipalité, du Couserans au Donezan.
L’originalité de cette Résistance est d’avoir aussi été menée par des étrangers, guérilleros espagnols qui poursuivaient la lutte contre le franquisme, Allemands antinazis, Belges ou Polonais, dont on découvre le quotidien et les actions d’éclat, de la sphère familiale, à la vie des chantiers forestiers ou à la clandestinité des maquis.
Le camp du Vernet a été un des foyers de cette résistance étrangère, par l’internement de dirigeants politiques, d’intellectuels et d’artistes de renom.
L’ouvrage s’achève sur les rafles antisémites et les répressions de 1943 qui ont décimé les maquis français ou espagnols ainsi que les cadres de la Résistance en Ariège, assassinés ou déportés. Les grands noms de ces années de Résistance,
Irénée Cros, Noël Peyrevidal, Jesus Rios Garcia et bien d’autres,
n’ont pas vu la Libération de l’Ariège.
Chemin faisant, on découvre le travail de Claude Delpla, historien, exhumant des sources inédites, interrogeant les témoins, confrontant les sources, critiquant les mythes, remettant dans la lumière les oubliés de l’histoire, dont la violence répressive avait effacé jusqu’aux noms et aux actions.
Isbn : 978-2-493504-05-0 – 480 pages – 24 X 15 cm – Prix 25 €
Témoignages recueillis par Eth Ostau Comengés
Deux sœurs face au nazisme
Toulouse et le Secours suisse aux enfants dans
« Ils choisirent la périlleuse aventure des Pyrénées, pour l’honneur de servir », a écrit le maréchal de Lattre de Tassigny à propos de tous ceux qui, en 1942-1943, quittèrent la France par ces montagnes pour « visiter » les prisons de Franco avant de rejoindre la Résistance établie alors à Alger. Issus de milieux différents, venus des quatre coins de France, réfractaires au STO, militaires, résistants, jeunes assoiffés de liberté, tous franchirent au péril de leur vie ces hautes crêtes d’Ariège, de Cerdagne et d’Andorre avec l’aide des réseaux de passeurs locaux. Leur mission accomplie, ces soldats de l’ombre sont rentrés dans l’anonymat.
Ce livre n’est pas un roman. Tous les personnages évoqués ici ont bel et bien existé. Pour raconter l’histoire de ces « passeurs d’hommes » au cœur des Pyrénées, Francis Aguila a patiemment récolté les récits des derniers témoins de cette période noire de l’histoire et parcouru de son pas de montagnard aguerri ces chemins menant vers la liberté. On ne dira jamais assez le courage de celles et ceux qui, au péril de leur vie, sauvèrent d’autres vies. Hôteliers, cheminots, ouvriers, paysans, bergers ou femmes de l’ombre, toutes et tous furent les maillons d’une chaîne de solidarité qui donnait sur le ciel d’Espagne, alors synonyme de liberté pour ceux qui fuyaient la France occupée. Parmi eux, des jeunes refusant le STO ou cherchant à rejoindre la France libre, des aviateurs britanniques ou canadiens abattus en mission puis récupérés par les réseaux, mais aussi la femme du général de Lattre de Tassigny passant par la Cerdagne ou encore ce couple de juifs hollandais sillonnant l’Europe pour fuir la persécution nazie par les hautes vallées qui ouvraient sur l’Andorre et l’espoir.
Qui, en se rendant en Andorre aujourd’hui, imagine le rôle qu’a joué la principauté pendant la Deuxième Guerre mondiale ?
Alain Pozo